L'article de l'EE :
Estac : comment Kisnorbo vit la situation et la colère des supporters avant la rencontre contre Rodez
Deux victoires en dix mois, des critiques à tout va… L’entraîneur de l’Estac, Patrick Kisnorbo, est dans la tourmente. Comment l’homme traverse-t-il cette période ?
Par Alan MANGIN
Soit il a une énorme carapace, soit il manie bien la langue de bois, soit il est hors sol. Voire les trois à la fois. Ciblé de toutes parts après dix mois de mandat catastrophiques sur le plan des résultats (seulement deux victoires, 0,57 point par match), Patrick Kisnorbo garde la même ligne de conduite, sur le terrain et en dehors.
Ce lundi 25 septembre, en conférence de presse, on lui a demandé à plusieurs reprises comment, personnellement, il vivait cette situation. « Il faut aller de l’avant. On se penche sur le match à Rodez, on veut se remettre les têtes à l’endroit. » Ça, c’est l’entraîneur. Mais comment l’être humain, avec son orgueil et ses émotions, traverse-t-il cette période ? « Je vais bien, répond-il simplement. Je suis chanceux d’être ici, où je suis entouré de bonnes personnes. Je suis heureux de venir chaque jour. »
Mais il ne devait pas s’attendre, le même jour alors qu’il se dirigeait vers le terrain d’entraînement, à être pris à partie par un fidèle supporter et abonné (la séance était ouverte au public) qui, en somme, lui demandait de faire ses valises. Vexé, l’entraîneur a commencé à répondre verbalement et il a fallu l’intervention de plusieurs personnes du club pour éviter que cela n’aille plus loin. Interrogé sur cette altercation, Kisnorbo a botté en touche. « Je parlais juste avec Xavier (Chavalerin). »
Des messages « Kisnorbo démission » qui pleuvent
Un épisode qui traduit la vindicte populaire – qui va parfois trop loin sur les réseaux sociaux, notamment quand il est attaqué sur sa nationalité – à l’encontre de l’entraîneur. Samedi, de nouveaux messages « Kisnorbo démission » sont descendus du kop des groupes de supporters troyens. « Je n’étais pas au courant. J’ai entendu mon nom, mais je n’ai pas compris le reste. Je ne sais pas ce qu’ils voulaient dire. » Du coup, on lui a traduit en anglais… « Je ne regarde pas les critiques. De toute façon, cela fait partie du travail de l’entraîneur que l’on fasse de bonnes ou de mauvaises choses, on est toujours critiqué. »
Après avoir gagné plusieurs titres avec Melbourne City, Kisnorbo baigne aujourd’hui dans un climat de défiance… et de défaites. Ne regrette-t-il pas son choix de carrière ? « Non… », répond l’entraîneur, dont la famille réside toujours en Australie. « On garde notre ligne de conduite, on veut gagner, croyez-moi. Il ne faut pas dévier de notre trajectoire. Oui, il faut s’améliorer ; oui, il faut travailler plus dur. Mais il faut faire confiance à ce groupe, qui est jeune et inexpérimenté. »
Bref, Kisnorbo ne veut pas se morfondre. Même quand les caméras et les micros sont coupés, il conserve ce « fighting spirit » et ne se lamente jamais sur son sort. Lors de l’entraînement de ce lundi, on l’a vu actif, combattant. Une mentalité qu’il tente de transmettre à son équipe. Juste avant l’entrée des joueurs sur la pelouse samedi, il a répété le mot grinta dans le vestiaire. « Il faut être prêt à mourir sur le terrain. »
Mais quelques minutes plus tard, on n’a rien vu de cela côté troyen. Comme si le discours de Kisnorbo – qui n’est pas toujours compris de tous – n’accrochait pas les esprits de ses joueurs.