Matuidi, Vert de l’espoir.
L’année 1987 a particulièrement été généreuse à l’égard du football français. Nés cette année là, Karim Benzema, Hatem Ben Arfa, Jérémy Ménez ou encore Samir Nasri sont ainsi les fleurons d’une génération de joueurs talentueux, en qui l’on plaçait volontiers les plus grands espoirs sur la scène internationale après leur victoire à l’UEFA EURO U-17 2004.
Jugé "fauteur de trouble", ce bouquet de Bleuets n’a toutefois pas eu le même succès auprès de l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Raymond Domenech. Si ce dernier s’en est donc passé quelques années, son successeur Laurent Blanc a lui manifestement décidé de s’appuyer pour l’avenir sur cette "génération de fou", selon ses termes. Parmi elle, il semble notamment attendre beaucoup du milieu de terrain défensif de Saint-Etienne, Blaise Matuidi.
Espoir des Verts, Vert de l’espoir, le joueur d’origine angolaise est, il est vrai, en train de franchir un palier cette année. Sa régularité, ses qualités de récupérateur-relayeur, ont autant contribué au joli parcours de l’ASSE en Ligue 1 cette saison, qu’aux appels répétés de Blanc chez les Bleus. "J’aime bien aller chercher le ballon dans les pieds et le redistribuer le plus proprement possible à mes coéquipiers. C’est ce qu’on me demande, et c’est ce que j’essaye de faire" raconte-t-il modestement au micro de FIFA.com
De Troyes en trois
Jugé "indispensable à l’ASSE" par son entraîneur Christophe Galtier, considéré comme "attentif, volontaire et surtout ne se posant pas de question" par son sélectionneur, son jeu fait l’unanimité auprès de ses coachs. "Dans sa capacité à récupérer le ballon, à dribbler aisément, il me faisait penser à Jean Tigana" raconte encore Jean Marc Furlan, qui l’a lancé dans le grand bain de la Ligue 1 sous le maillot de Troyes en 2005. Pas étonnant donc que son ascension ait été fulgurante…
Après trois ans à l'ESTAC (2004-2007), où sa progression fut en effet constante et agrémentée de quatre buts lors de la dernière saison, le gamin de Fontenay-sous-Bois quitte l’Aube pour le mythique club de Saint-Etienne. Inamovible sentinelle, son influence est alors croissante chez les Verts. On lui confie même le brassard de capitaine en l’absence de Loïc Perrin, dés sa seconde saison dans le Forez : "ça fait toujours plaisir d’être capitaine d’une équipe… être celui d’un club comme celui de Saint-Etienne est encore plus spécial. Quand j’ai le brassard, j’essaye simplement d’apporter ma petite expérience et mon envie sur le terrain" avoue l'intéressé.
S’il rayonne déjà lors de ses premières années stéphanoises, Matuidi ne parvient toutefois pas à emmener dans son sillage une ASSE ancrée dans la seconde partie de tableau. Il faut donc attendre cette année 2010/11 pour voir les Verts retrouver un peu de leur superbe, et le haut du classement. Meilleur tacleur du championnat avec plus de 107 tacles réussis au dernier comptage (29 mars 2011), l’homme chewing gum - surnom imaginé par son ami Samir Nasri pour sa capacité à s'enrouler autour des adversaires – persiste, lui, dans son habituel abatage.
Vert mais mûr
"C’est vrai qu’on a longtemps été en haut du tableau, mais on avait conscience que ça n’allait peut être pas durer toute la saison. On sait d’où l’on vient !" analyse Matuidi "mais on sait également ce que l’on veut ! Aujourd’hui il y a une sixième place à aller chercher. Certes, c’est serré, on est plusieurs à la vouloir mais on va tout faire pour aller accrocher ce fauteuil qui peut être synonyme d’Europe. On va se battre."
On peut lui faire confiance pour allier les gestes à la parole. Il suffit de voir avec quelle énergie il s’emploie pour récupérer le moindre ballon. Laurent Blanc qui loue "ses qualités mentales" a insisté sur son apport lors de la dernière sortie des Tricolores contre la Croatie, première titularisation du Stéphanois : "Je pense que Blaise Matuidi a gagné sa place ce soir et durant le stage". A l’aise, Blaise a, lui, savouré : "c’est un rêve d’enfant qui s’est réalisé. J’ai ressenti énormément de bonheur."
Mais le sérieux reprend vite le dessus : "Attention, ce n’est pas une fin en soi. Il faut encore que je travaille, j’ai encore du chemin à parcourir. Ce n’est qu’un match. Pour être un joueur aguerri, il en faut plus. A moi de continuer à travailler pour franchir encore plus d’étapes." Jeune mais mature, cette ambivalence retentit à nouveau lorsqu’il évoque son avenir : "Je suis à Saint-Etienne, sous contrat, et je me dois donc de ne parler d’aucun autre club. Je suis uniquement concentré sur notre fin de saison et ne porte aucun regard sur mes objectifs à long terme".
Encore Vert, mais déjà mûr, Matuidi récolte aujourd’hui, à l'évidence, les fruits d’une rare maturation.
Source: FIFA.com