Estac/Baroin : « L'argent ne fait pas tout »
Le maire de Troyes François Baroin a vécu la montée en Ligue 1 avec la ferveur d'un vrai supporter et promet une grande fête samedi
François Baroin, comment avez-vous suivi le match de la montée contre Monaco ?
« Chez moi, tranquillement, devant Eurosport. Il y a eu dix premières minutes stressantes, quand, par exemple, Thuram est venu fermer son angle. Puis, le stress s'est dissipé, Monaco a levé le pied et la montée est devenue implacable, juste, légitime. Ça a été une joie immense de voir les joueurs tomber dans les bras de l'entraîneur, du président. Pour une ville comme Troyes, ce sont des moments rares. »
Chaque montée est unique n'est-ce pas ?
« En 1999, j'étais jeune maire, j'avais suivi le match à la radio depuis l'hôtel de ville. Troyes l'avait emporté 2-0 à Cannes. C'était étourdissant comme émotion. Une montée, c'est toujours une explosion de joie, c'est aussi une vraie conscience du travail bien fait. »
Quelles sont, selon vous, les clés de la réussite troyenne cette saison ?
« Surtout le mental. C'est certainement l'équipe qui a été le plus souvent menée au score, et qui a réussi à s'imposer. Cette faculté à réagir m'a impressionné. Beaucoup de joueurs ont galéré jusqu'en National, sans doute y ont-ils puisé une force intérieure. À l'inverse des autres années, l'équipe a bien négocié les matches importants. Je me souviens de la victoire à Sedan à la dernière minute. Battre notre bête noire, de cette façon, ce n'est pas rien. Et puis cette victoire 3-2 contre Clermont… Là, je me suis mis à y croire. »
Avant, vous vous interdisiez de rêver ?
« Cette montée, je ne l'avais pas imaginée. On a traversé des épreuves avant d'en arriver là. L'année dernière, ça a été compliqué. Plus loin en arrière, je n'ai pas oublié qu'on a compté douze à treize points d'avance qui ont fondu comme neige au soleil alors qu'on était aux portes de la Ligue 1. Cette montée efface toutes les déceptions. »
Qu'un homme du sérail (Daniel Masoni) soit à l'origine du retour de l'Estac parmi l'élite, cela doit vous combler…
« Oui, il règne dans le club une ambiance familiale, avec un homme qui investit une partie de son argent. C'est courageux de sa part, il faut être animé d'une vraie passion. Ça permet d'entretenir, entre la Ville et le club, des relations naturellement simples, chacun respectant l'autre. Quant à l'entraîneur, Jean-Marc Furlan, il correspond bien à l'identité du club. »
Passer du National à la Ligue 1 si rapidement, on peut parler de miracle…
« Oui, c'est un vrai exploit. C'est la preuve qu'avec peu de moyens, tout reste possible. »
Une ville comme Troyes peut-elle s'installer durablement en Ligue 1 ?
« Pourquoi pas, l'argent ne fait pas tout. Le club a connu des montées et des descentes, mais il est aujourd'hui bien installé, avec un beau stade de 20 500 places bien adapté. Il y a un vrai club de foot, stable. Maintenant, il est évident que la Ligue 1, ce n'est plus pareil, on va y jouer le maintien. »
La Ligue 1, c'est aussi une formidable vitrine pour la ville…
« Oui, les retombées sont importantes, notamment pour les métiers de bouche et de restauration les jours de match. Ce sont déjà 19 événements à domicile sur toute une saison qui peuvent rassembler 20 000 spectateurs. Il va y avoir une hausse des abonnés. La Ligue 1, c'est bon pour l'image de la ville. Tout le monde s'y intéresse, même ceux qui sont moins footeux. »
Vous serez présent au stade vendredi, bien entendu…
« Oui, je vais même enfiler le maillot quelques minutes avec les anciens lors du tournoi Angel-Masoni qui précède la rencontre. Après les mois que je viens de passer, je ne suis pas très affûté, mais bon… »
Que va faire la Ville pour fêter la montée de l'Estac ?
« Samedi, on va organiser une réception en l'honneur de l'équipe à l'hôtel de ville. En fin de matinée, le public pourra venir à l'Espace Argence partager son bonheur avec l'équipe. »
