Re: [Entraîneur] Bruno Irles >> juin 2023
Posté : 03 janv. 2022, 22:21
par Paco81
Bienvenu à lui….
Dommage pour Battles, que j’appréciais mais j’ai la sensation qu’il n’y était plus dernièrement…..
Hâte de voir ce que Irles va demander à ses joueurs, l’animation, le système, les joueurs qu’il va faire jouer.
Ça va redistribuer un peu les cartes….
Et j’espère surtout que CFG va faire des efforts durant le mercato.
Sinon, ce sera compliqué…..
Re: [Entraîneur] Bruno Irles >> juin 2023
Posté : 03 janv. 2022, 23:22
par L’aubois25
En se séparant de Laurent Batlles, City Group a repris la main sur la partie technique. Le club troyen a choisi Bruno Irles, proche d’Erick Mombaerts, pour poursuivre la mission. L’ancien Monégasque, très bon communicant, reste sur des expériences réussies, à Pau puis à Rouen, où il a fait preuve de pragmatisme. Décryptage. Il s’est engagé avec l’Estac jusqu’en juin 2023.
Une page s’est tournée à l’Estac. Le club a tiré un trait sur l’épisode Laurent Batlles et, dans le même temps, clos le chapitre Daniel Masoni. Le technicien avait en effet débuté son aventure en Ligue 2, choisi par le duo Masoni-De Sousa. Batlles, un gros caractère mais aussi un entraîneur qui faisait jouer son équipe, va manquer à beaucoup dans le vestiaire.
Les joueurs ont appris la nouvelle, « comme tout le monde», dans la presse, quand ils étaient en vacances. Ils ont ensuite écouté, ce dimanche matin, le discours d’Aymeric Magne, de François Vitali et d’Erick Mombaerts, qui ont expliqué, sans trop s’attarder, le « pourquoi du comment». Ils savaient, dès dimanche, qu’un nouvel entraîneur serait présent ce lundi après-midi, sans en connaître l’identité.
À Pau, certains ne le regrettent pas
Sans surprise, et parce que tous les médias avaient annoncé la couleur, ils ont été présentés à Bruno Irles ce lundi. Un entraîneur qu’ils ne connaissaient que de nom. Et qu’ils vont rapidement découvrir.
Un homme de conviction, attaché à certaines valeurs, qui n’a laissé que de bons souvenirs là où il est passé. «Que»? Pas exactement. S’il a par exemple fait monter Pau en Ligue 2 pour la première fois de son histoire, Irles ne s’est pas fait que des amis dans le Béarn. « Un homme prétentieux, qui s’aimait beaucoup et qui a fini par saouler la direction, confie-t-on au pied des Pyrénées. Un exemple? Quand les deux parties ont trouvé un accord pour se séparer, le club avait convenu, avec Irles, de préparer un communiqué pour évoquer cette rupture, proprement. Une fois sorti du bureau, Bruno a tweeté que son histoire avec le FC Pau était terminée… » À Pau, Irles est parti avec « une lettre d’avertissement » entre les mains. En effet, le nouvel entraîneur de l’Estac avait obtenu de ses dirigeants qu’il puisse organiser une réunion avec ses joueurs, histoire de leur dire au revoir. « Mais il en a profité pour les débaucher et leur demander de les suivre». Dans le Béarn, on admet que le FC Pau est monté en Ligue 2 sous la direction de Bruno Irles; on lui reconnaît des qualités. Mais on est convaincu qu’il a profité du travail, en amont, de l’Italien Raffaele Novelli.
«J’adore l’homme
qu’il est. Avec lui, il n’y a pas de passe-droit»
Jessy Pi, ancien milieu de l’Estac
Résumer la carrière de Bruno Irles à la parenthèse paloise serait bien réducteur. Irles, né à Rochefort, a grandi près de… Saint-Etienne. Comme Batlles, il a 46 ans. Défenseur central élégant, il a porté les couleurs de Mably et de Roanne avant de taper dans l’œil des recruteurs monégasques. Bruno Irles aura fait toute sa carrière sur le Rocher. Lancé en pro par Arsène Wenger, il a su durer dans un effectif de grande qualité, sans finalement trop jouer (84 matches en 7 saisons). Blessé au genou, Irles a mis un terme à sa carrière prématurément, à l’âge de 28 ans.
Puis, parce qu’il était apprécié, « et très intelligent », dit-on, Bruno Irles a passé ses diplômes. Il a rejoint le staff de Didier Deschamps, supervisé les adversaires de l’ASM. Avant de prendre en main des équipes jeunes. «Je l’ai eu en U17, U19 et CFA, sourit l’ancien Troyen Jessy Pi, aujourd’hui à Dijon. Nous avons gardé le contact; je l’ai d’ailleurs appelé pour le féliciter quand il est monté avec QRM. J’adore l’homme qu’il est, ce qu’il m’a inculqué. C’est un admirable formateur, très pédagogue. Il s’intéressait au joueur que j’étais, mais aussi au lycéen. Pour lui, un footballeur n’est pas qu’un garçon qui court après un ballon. Il nous a appris à nous adapter à différents schémas. Il ne voulait pas faire de nous des joueurs enfermés dans un modèle, des garçons au jeu stéréotypé. » Avec les jeunes, Irles savait se faire écouter. Et taper du poing sur la table. « Qu’il ait eu des problèmes avec Mbappé ne me choque pas, témoigne Jessy Pi. Que tu sois un joueur de grand talent ou pas, tu dois, avec Bruno Irles, rentrer dans le cadre. Il voulait que chaque joueur sache faire les efforts pour les autres, attaquer mais aussi défendre. Avec lui, il n’y a pas de passe-droit. Pour moi, il a une éthique de travail, conserve une certaine philosophie.»
Une parenthèse en Moldavie
Après Monaco, Bruno Irles a pris la direction d’Arles-Avignon. « À la base, il devait être adjoint de Crucet, se souvient l’ancien attaquant de l’Estac Benjamin Psaume. À cette époque, il passait ses diplômes, revenait de plusieurs stages à l’Ajax. À certains joueurs, il avait exposé son mémoire, partageait ses réflexions. Il était calé tactiquement et techniquement. Sa vision du jeu, à la hollandaise, était intéressante. Il aimait le beau jeu, le football total. Quand il est passé numéro 1, et Crucet numéro 2, il ne pouvait pas forcément appliquer ses principes, mettre en place sa philosophie. Il avait un peu les mains liées.» Crucet avait été recruté pour être numéro 1. Mais Monaco avait passé un deal avec Arles-Avignon, prêtant des joueurs et « donnant de l’argent » pour permettre à Irles d’entraîner. « Forcément, cela ne s’était pas bien passé, admet Stéphane Crucet. Bruno est sans doute quelqu’un de compétent. Mais je ne voudrais pas dresser un portrait qui ne serait pas le bon. »
L’aventure à Arles ne s’est pas éternisée. Irles a continué à se former, avant s’envoler pour la Moldavie. À Tiraspol, intronisé par son ami croate Dado Prso, Irles a réussi ses débuts. Si le Sheriff menait le championnat, des désaccords avec le président moldave ont eu raison de son poste.
Consultant pour Canal +
Plutôt que de replonger rapidement dans le grand bain, Bruno Irles a alors bifurqué. Le Rochefortais s’est rapproché du groupe Canal+ pour lequel il collabore toujours. Irles a débuté sur Infosport, avant d’intégrer l’équipe du Late Football Club sur Canal+ sport. « Une façon de s’offrir de la visibilité, selon Victorien Lenud, journaliste à Paris-Normandie, d’apprendre à mieux communiquer et d’assimiler les codes du métier. Aujourd’hui, il sait comment parler avec les journalistes, se rend souvent disponible. C’est un homme très intelligent, cérébral, qui sait ce qu’il fait. »
Appelé au chevet de Pau en janvier 2019, Bruno Irles a sauvé le club de la relégation. Avant de le mener en Ligue 2. Ce qui ne l’a pas empêché, vous l’avez lu plus haut, de quitter le sud-ouest. Direction la Normandie, avec femme et enfants.
Dans le Béarn, déjà, Bruno Irles faisait intervenir son épouse, Sarah, comme professeur de pilates et de zumba. « Il aurait aimé que les dirigeants embauchent son épouse », dit-on dans le Béarn. Sa femme a poursuivi sa mission à Quevilly. Toujours bénévolement. Des cours qui, dit-on, étaient diversement appréciés par les joueurs, notamment ceux de confession musulmane. « Son impact sur le redressement de QRM est indéniable, assure Victorien Lenud, chargé du suivi du club normand pour Paris-Normandie. Il a redressé le club, a instauré une démarche bien plus professionnelle, dans bien des domaines. Il a créé un nouvel élan.»
À Quevilly, les quelques fervents supporters vont le regretter. Mais pas autant que les joueurs, qui l’appréciaient. Après l’élimination contre Monaco (1-3), dimanche soir, Romain Padovani, formé à… Monaco, peinait à masquer ses émotions. « Le problème, ce n’est pas l’élimination mais le départ du coach. Nous sommes très attachés à lui. Il a tout changé au club. C’est grâce à lui si on en est là. Ce qu’il fait, c’est fantastique. Il mérite d’aller plus haut car ce qu’il fait c’est très très fort.»
À l’annonce de son départ, certains joueurs de QRM pleuraient…
«Dans les vestiaires, témoigne Damon Bansais, le coach nous a annoncé son départ. On était déjà au courant mais il voulait qu’on reste concernés pour cette rencontre de Coupe de France. L’ambiance était maussade, les joueurs nostalgiques; certains pleuraient. On comprend son choix. Le milieu est assez fermé; quand vous avez l’opportunité d’évoluer ou d’entraîner en première division, il faut la saisir. Personne, dans le vestiaire, ne lui en veut.»
Mais qu’est-ce qui fait la force de Bruno Irles, au juste? Quel jeu prône-t-il? « Déjà, j’apprécie l’homme, les valeurs qu’il véhicule; c’est quelqu’un de très fiable, répond Damon Bansais, le latéral de QRM, qui l’a connu également à Pau. Il ne fait pas l’inverse de ce qu’il dit.» « Il s’adapte au groupe qu’il a à sa disposition, analyse notre confrère Victorien Lenud. Bruno Irles ne cherche pas le beau jeu pour le beau jeu. Regarder QRM ces derniers mois n’était pas très enthousiasmant. C’était un collectif bien huilé, qui parvenait à perturber l’adversaire. Cette équipe était capable d’ennuyer les plus gros, mais aussi de lâcher du lest face à des formations davantage à sa portée.»
Au romantisme de Laurent Batlles, devrait succéder le pragmatisme de Bruno Irles
Selon Victorien Lenud, Bruno Irles est un entraîneur « pragmatique », « qui va à l’essentiel » selon Damon Bansais. « Pour lui, la priorité, ce sont les trois points, précise le latéral du QRM. Il préfère ne pas être beau et gagner 1-0 que de bien jouer et d’en prendre quatre.» À l’entraînement, que ce soit à Pau ou à Quevilly, Bruno Irles a insisté sur le replacement, sur le travail sans ballon, sur la projection rapide vers l’avant. «Que ce soit à Pau ou à Quevilly, on s’entraînait à peu près de la même façon, explique Damon Bansais. On travaillait assez régulièrement sans ballon.» Sauf à ce que Irles évolue, ou que l’Estac étoffe considérablement son effectif, les habitudes troyennes pourraient être bouleversées. « C’est vrai, depuis qu’il était à Quevilly, Irles n’avait pas mis en place un bon jeu de possession », confirme Victorien Lenud. Mais, pour beaucoup, le technicien, guidé par Erick Mombaerts (qui avait déjà voulu le faire venir au Japon, à Yokohama, quand il était entraîneur), Irles saura s’adapter. « Une de ses caractéristiques, conclut Victorien Lenud, c’est que Bruno Irles n’a pas peur de tenter des choses. Il n’a pas hésité, en début de saison, à Dunkerque, à titulariser un milieu de terrain en pointe; il est capable de faire passer un défenseur central sur un côté. Je pense qu’il voudra rapidement changer certaines choses à Troyes. » L’Estac, on l’aurait presque oublié, joue un match de championnat ce dimanche, à Montpellier. Sans Batlles, avec Irles sur le banc.