Qui sont-ils ?
Trois jeunes Africains, nés en 2002, ont débarqué à l’Estac au début du mois : Lassine Soumaoro (défenseur axial), Ibrahim Bamba (latéral droit) et
Assoumou Kouadio Jaurès (attaquant).
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Tous les trois viennent du club-académie Afrique football élite de Bamako, présidé par Séran Diabaté, un agent influent en Afrique, qui gère notamment les intérêts de Rominigue Kouamé.
Ils s’entraînent avec le groupe élite de Gharib
Amzine, mais n’ont pas encore disputé de match. Ont-ils une licence pour le faire ? « D’un point de vue administratif, ils sont OK, sinon ils ne seraient pas là, avance François Vitali, directeur sportif de l’Estac. Il faut leur laisser l’opportunité de faire une véritable préparation mais l’objectif est de les intégrer peu à peu. »
Quel contrat ?
Contre des indemnités de formation versées à Afrique foot élite (dont on ne connaît pas le montant), les trois joueurs ont signé un contrat professionnel de trois ans. Pourquoi pas un contrat stagiaire ? Pour assurer une future indemnité de transfert et « tenir » juridiquement ces joueurs ? « Non, il n’y a pas de considération économique là-dedans, assure François Vitali. Avec un contrat stagiaire, on peut aussi recevoir une indemnité en cas de départ. Mais on ne pense pas à demain. La clé, c’est la durée, car ils ont besoin de temps pour s’intégrer. Alors, il vaut mieux un contrat pro de trois ans, qu’un contrat stagiaire de deux ans. »
Malgré tout, cela ne risque-t-il pas de susciter des jalousies de la part des joueurs présents depuis quelques années à l’Estac et qui « rêvent » tous d’un contrat pro ? « Je ne pense pas, répond Vitali. À chaque fois que c’est possible, on essaie de valoriser nos joueurs, comme on l’a fait récemment avec Tanguy Zoukrou (qui a signé pro le mois dernier). Et là, on est en train de discuter avec un autre… Il est hors de question de perdre des joueurs, il faut donc anticiper et montrer notre bonne foi. On considère de la même manière ceux qui viennent de l’Estac ou de l’extérieur. Car l’objectif est identique : avoir les meilleurs joueurs pour l’équipe professionnelle. Si c’est un gamin arrivé à 8 ans à l’Estac, l’histoire sera belle ; si c’est un joueur qui vient de l’étranger, elle sera belle aussi. »
Comment ont-ils été repérés ?
L’arrivée de ces trois Africains est notamment due à un homme que l’on avait encore jamais évoqué à Troyes : Christophe Jeannot. Ce dernier, basé en Afrique, est recruteur pour l’Estac, dont il est désormais un employé. « Mais son travail dépasse l’Estac, note le directeur sportif. Car tous les clubs du City football group ont des besoins. »
François Vitali connaît bien Christophe Jeannot – spécialiste du continent africain depuis longtemps – puisqu’ils ont déjà travaillé ensemble à Lille. Dans le Nord, et toujours par l’intermédiaire de Séran Diabaté, ils ont fait venir d’autres Maliens, dont deux Troyens actuels : Rominigue Kouamé et Youssouf Koné.
« C’est vrai que nous avons une relation de respect préalable, qui nous donne envie de travailler ensemble, déclare Vitali. On a une histoire commune à Lille, qui a été positive. On veut surfer là-dessus, on espère avec le même succès. Est-ce que ce sera l’un des trois, ou trois sur trois, on verra. » Et le dirigeant troyen d’ajouter : « Cette académie travaille très bien, avec du sérieux, ils accompagnent très bien leurs joueurs. Ils ont déjà eu beaucoup de réussite (El Bilal Touré a signé à Reims, Mohamed Soumahoro et Moïse Dion Sahi à Strasbourg). »
Quelle stratégie ?
L’arrivée de ces joueurs bouscule un peu les habitudes de recrutement du centre de formation.
« À la formation, il n’y a pas que des joueurs qui arrivent à 8, 12 ou 15 ans, explique François Vitali. Djibril
Sidibé est arrivé tout jeune, Bryan Mbeumo un peu plus tard. Dans le cadre du développement du centre de formation, on est aussi sur la post-formation, où la plupart des recrues viennent de l’étranger. On peut aussi acheter dans un club pro en France mais généralement, ils intègrent directement l’équipe première, à l’image de Nassim Chadli (arrivé de Nîmes cet été), qui pour moi est à cheval entre un groupe de réserve pro et un groupe professionnel. »
Un partenariat à venir ?
Selon nos informations, d’autres éléments du club-académie Afrique foot élite pourraient vite arriver à l’Estac. « Je ne sais pas… », dit François Vitali.
Une chose est certaine : il n’y aura pas de partenariat d’exclusivité entre les deux entités. « Cela ne serait pas la meilleure des choses pour les deux, estime le directeur sportif. Nous, on n’a pas envie d’aller uniquement au Mali. On veut explorer tous les continents pour trouver de jeunes talents : en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe du Nord… Mais c’est sûr que l’Afrique est l’un des endroits les plus fantastiques en termes de talent. »