Si on mène par 2 buts d'écart ou que nous sommes menés oui. Sinon, si y'a 0-0, 1-1 ou que l'on mène d'un but.... Là il faudra davantage un joueur capable d'être sérieux défensivement pour tenir la fin de match.
« Je suis un Aubois donc on attend beaucoup de moi » : le jeune attaquant de l’Estac Mathys Detourbet s’exprime pour la première fois depuis son passage chez les professionnels
On avait déjà beaucoup écrit à propos du jeune attaquant de l’Estac, qui vit toujours avec ses parents à Saint-Germain. Mais jamais la « pépite » auboise ne s’était exprimée sur son ascension et les folles attentes à son égard. Mathys Detourbet, très honnête avec lui-même, parle aussi de son tempérament à part, qui peut être sa force mais aussi sa faiblesse.
Mathys, diriez-vous qu’avec vos prestations à Reims et contre Amiens, votre saison, sur le plan personnel, est véritablement lancée ?
Depuis le début de saison, je suis dedans. Le match contre Reims, le coach m’avait mis à un poste (dans le cœur du jeu) que je n’avais pas encore connu en tant que professionnel. J’ai apporté ce que j’avais à apporter à l’équipe. Contre Amiens, Jaures (Assoumou) s’est blessé. À la mi-temps, le coach est venu me voir pour me dire qu’il comptait sur moi. Il m’a dit que c’était mon moment, qu’on perdait 1-0, donc c’était l’occasion de changer le match. Avec tout le travail réalisé durant la semaine et grâce à mes coéquipiers, j’ai été récompensé par ma passe décisive.
Vous deviez l’attendre cette première ligne sur votre feuille de statistiques en professionnel…
Oui, je l’attendais, c’est sûr. Mais je ne me suis pas focalisé sur ça, je me suis dit que ça allait venir tout seul. Je travaille à chaque entraînement, le coach et le staff me donnent confiance. Et puis je ne joue pas pour les stats, je joue plus pour le collectif. Avec une bonne équipe comme ça, je savais que ça viendrait tout seul.
Comment avez-vous vécu ce début de saison ? Vous étiez titulaire lors des trois premières journées, puis vous avez démarré sur le banc (sauf à Reims).
C’est toujours frustrant d’être sur le banc, mais ce sont les choix du coach. Il a mis son équipe, ça a bien tourné, on a gagné, donc moi je n’ai rien à dire, j’ai juste à travailler encore plus. Et j’ai essayé de saisir ma chance à Reims et contre Amiens.
Lors de vos premières entrées en jeu, environ à un quart d’heure de la fin, on avait le sentiment que vous surjouiez. Aviez-vous trop envie de vous montrer sur le peu de temps passé sur le terrain ?
Oui, je me disais dans ma tête que je voulais montrer ce que je valais. Mais après, on m’a beaucoup parlé, que ce soit mon père, mes agents, mes conseillers, le coach. Il m’a pris dans son bureau, m’a donné plusieurs conseils. Notamment le fait que si je jouais pour le collectif, j’allais briller sur le plan individuel. Quand je suis rentré à la mi-temps contre Amiens, je me suis dit ça dans la tête, et après c’est venu tout seul.
En plus, ceux qui vous suivent depuis les catégories jeunes savent que vous n’êtes pas un joueur « perso », mais qui fait jouer les autres…
Oui. Marquer des buts c’est bien, mais faire des passes décisives, c’est bien aussi. Jouer pour le collectif, gagner, aller le plus haut possible, c’est ça qu’on veut en vrai ! Je me mets au service du collectif et je sais qu’on peut faire une grosse saison.
Après le déplacement au Mans, c’est vous qui avez demandé à redescendre avec la réserve, pour le match de N3 du dimanche. Pourquoi ?
Il y avait la sélection qui arrivait juste après, donc j’avais demandé au coach si je pouvais avoir un peu de temps de jeu en N3 pour me remettre un peu dedans, pour ne pas arriver en sélection avec un léger temps de jeu. Cela m’a redonné confiance, j’ai pu marquer, c’était un vrai plus.
Pour vous, tout est allé très vite, entre votre arrivée en réserve à l’été 2024 et vos premiers pas chez les pros en fin de saison dernière…
C’est vrai. Moi, je me suis focalisé sur le travail, sur les entraînements. Je me suis dit que si je bossais bien, tout allait arriver petit à petit. Mon père me parle beaucoup, c’est lui qui m’a dit de ne pas griller les étapes. J’ai fait mes matches en N3, après je me suis entraîné avec les pros. Là, pareil, les joueurs m’ont donné beaucoup de conseils, j’ai appris et j’ai su montrer ce que je valais. C’est pour ça que maintenant, je suis là.
Mais comment avez-vous géré cette émulation autour de vous ? Les premiers articles, les premières critiques, les premières rumeurs de transfert…
Je fais abstraction de tout ça, j’essaie de ne pas trop rentrer dans les réseaux ou ce que les gens peuvent dire. J’ai des conseillers pour ça, j’ai mon père, j’essaie de me focaliser surtout sur les entraînements, sur mon objectif.
Êtes-vous surpris de cette rapide ascension ?
Je suis conscient de mes qualités mais je ne pensais pas que cela irait si vite. C’est pour ça que j’ai pris un préparateur mental : il y avait plein de choses autour de moi et j’avais besoin de rester concentré vraiment sur le travail et pas sur diverses choses à côté.
À propos de vous, on se dit que ce qui vous fera aller plus haut, c’est plus la tête que les pieds…
Je dis toujours que c’est 80 % dans la tête et 20 % dans les pieds. Je sais que je suis un garçon nerveux, j’aime bien quand c’est un peu chaud, mais il faut que j’arrive à gérer ça. En ce moment, ça va un peu mieux parce qu’on me parle beaucoup, on me donne vraiment beaucoup de conseils. Mon père ne me parle même plus de foot, il me parle de mon attitude, mes gestes d’humeur. Je sais que j’ai un gros travail à faire sur moi.
Pourtant, votre papa, pour ceux qui le connaissent, n’est pas vraiment d’un calme olympien ! Il ne veut pas que vous reproduisiez les mêmes erreurs que lui ?
Oui, c’est ce qu’il me dit tout le temps. Il était même un peu plus fou que moi ! (il sourit) Il me donne des conseils sur cet aspect car peut-être que c’est pour ça qu’il n’a pas réussi (à percer en tant que joueur).
Pour tout vous dire, quand un défenseur d’Amiens vous a violemment taclé, on a pensé que vous alliez vouloir vous venger sur le duel suivant. Mais vous êtes resté calme et au final, c’est lui qui a été sorti par son entraîneur…
Je pense que je suis en train de passer un cap. Avant, j’aurais réagi, on aurait fait un tête contre tête ou un truc comme ça. Alors que là, franchement, j’essaye de me canaliser, je me dis que je suis en train de prendre l’ascendant sur le défenseur, qu’il va commencer à divaguer, à être énervé, frustré. Ça me donne encore plus envie d’aller le provoquer.
Pour en revenir au début de saison, avez-vous été perturbé par les rumeurs de transferts, avec de gros clubs (Marseille, Roma…) et des grosses sommes d’argent (offre à dix millions d’euros) ?
Non. Je suis un joueur de foot, tout le monde parle des transferts. Je suis resté concentré sur moi. J’ai toujours voulu jouer ici, je veux jouer ici.
Justement, sentez-vous les attentes de la part des Aubois, car vous êtes l’enfant du pays ?
Je suis un Aubois donc on attend beaucoup de moi. Mais j’essaie de tout faire pour que les gens soient contents. Je sais qu’il y a beaucoup d’attentes mais il faut que je reste concentré.
Mais le fait d’être davantage observé, attendu qu’un autre, c’est une chance ou une pression supplémentaire ?
Ça me donne encore plus envie de bien faire. Si des gens viennent pour moi, ça me donne encore plus envie de les rendre fiers et de leur donner ce qu’ils veulent voir.
Vous êtes passé par les Municipaux, votre père a joué aussi en amateurs dans l’Aube. Vous rendez-vous compte que vous incarnez le rêve de tous les petits footballeurs aubois qui jouent à La Chapelle, à La Rivière-de-Corps ou ailleurs : fouler la pelouse du Stade de l’Aube avec un maillot de l’Estac floqué à votre nom ?
Oui, je le ressens. En plus, je suis parrain des Municipaux. Quand j’ai eu l’occasion d’aller discuter avec les jeunes licenciés, j’ai vu que j’étais comme un exemple pour eux. Ils me copient donc je dois montrer le meilleur de moi-même pour être le meilleur exemple.
Le fait d’être scruté, y compris quand vous vous baladez en ville ou autour des terrains, vous incite-t-il à faire attention à l’image que vous véhiculez ?
Il faut avoir la même attitude à l’extérieur ou sur le terrain, pour moi c’est la même chose. Mais c’est vrai que ces derniers mois, je me suis aperçu que quand je sors, quand je vais manger, les gens me regardent différemment. Donc je dois faire attention à éviter certaines petites choses. Avant, je ne m’en rendais pas compte.
Comment vous êtes-vous intégré au vestiaire ?
Déjà l’année dernière, des joueurs m’ont tout de suite pris avec eux, m’ont intégré, comme le capitaine Adri (Monfray). Je suis quelqu’un de sociable, et les personnes qui sont dans le vestiaire, ce sont des bonnes personnes, je me suis directement bien entendu avec elles. De l’extérieur, ça ne se voit peut-être pas trop mais je suis quelqu’un qui va vers les gens pour parler avec eux. Je sais que je suis une personne bien : si on parle avec moi, je vais avoir du répondant, je vais bien pouvoir parler.
Il y a une image qui en dit long sur votre intégration : quand vous avez pris ce tacle mardi, Renaud Ripart et Mounaïm El Idrissy, qui étaient en train de s’échauffer, ont sprinté pour prendre votre défense…
J’ai revu cette image à la vidéo ce (jeudi) matin. Renaud a pris un carton jaune sur le coup, on a bien rigolé sur ça d’ailleurs ! Mais ça se voit qu’ils sont là pour moi, parce que je leur rends, qu’on se discute bien. On a une vraie relation.
Idem après votre passe décisive, vos coéquipiers ont sauté sur vous, avaient vraiment l’air contents pour vous…
Toute l’équipe attendait que je « state », parce que je suis le petit Troyen, ils veulent que je réussisse. Leur réaction m’a vraiment touché, j’étais content que tout le monde soit content pour moi.
Nous, qui sommes observateurs, on pouvait se demander comment vous étiez perçu à l’intérieur du vestiaire, car on vous voyait parfois râler sur vos coéquipiers, par exemple quand une passe ne vous arrivait pas. On se disait que votre « body language » pouvait agacer…
C’est moi, je suis comme ça, je ne le fais pas exprès, je suis vraiment comme ça. Adrien m’a beaucoup parlé de mon comportement, le coach aussi. Philippe (Bizeul adjoint de Stéphane Dumont) me rappelle souvent que je dois avoir la tête froide. Je viens d’arriver, je ne peux pas tout réussir, il faut que je prenne sur moi.
Moins exprimer votre frustration, c’est l’idée directrice ?
C’est ça. Je parle beaucoup avec les mains, il faut que j’arrive à m’analyser et à moins montrer mes émotions. Je ne suis pas le meilleur, il y a beaucoup de meilleurs joueurs que moi : si je manque une passe ou deux, je comprendrais s’ils avaient la même réaction que moi.
Ce tempérament – on dit souvent de vous que vous êtes une « tête brûlée » –, c’est aussi ce qui peut faire votre force si vous l’utilisez à bon escient…
Oui, c’est ça qui va faire que je serai différent. Je dois donc bien l’utiliser, sinon ça peut me jouer des tours, me coûter des cartons, provoquer de mauvaises attitudes. Des gens vont appuyer sur ça, il faut que je reste froid.
Joueur, Antoine Sibierski avait aussi ce tempérament à part. En parlez-vous avec lui ?
Oui, on en a beaucoup discuté, car Antoine avait le même style de jeu et était un peu la même personne que moi. Il m’a raconté qu’il avait pris un préparateur mental, et que cela avait changé beaucoup de choses pour lui. Maintenant, c’est lui qui me donne des conseils, donc je suis à l’écoute et je les applique.
L’Estac est leader de Ligue 2. Comment voyez-vous la suite de la saison, de façon collective ?
Il ne faut pas qu’on s’arrête là, on n’a fait pas beaucoup de matchs, la saison elle est longue. Il faut vraiment qu’on reste sur cette lignée et qu’on garde cet état d’esprit. On est dans le haut du tableau, on veut y rester.
Petit, vous alliez souvent voir l’Estac : quels sont vos meilleurs souvenirs au Stade de l’Aube ?
Quand ils étaient en Ligue 1, quand ils jouaient des gros clubs, ça faisait toujours rêver. Je voyais des grands joueurs et maintenant, jouer là, ça fait vraiment bizarre. Petit, je ne me disais pas que j’allais réussir à jouer dans ce stade. Maintenant que j’y suis, je veux y rester, moi aussi je veux jouer contre des grands joueurs.
Vous devez donc aussi avoir envie de permettre à tous les petits Aubois fans de foot de connaître la Ligue 1…
Oui c’est sûr. Mais il faut y aller étape par étape, il ne faut pas tout griller. Il faut rester comme on est, et après ça viendra naturellement.
On avait déjà beaucoup écrit à propos du jeune attaquant de l’Estac, qui vit toujours avec ses parents à Saint-Germain. Mais jamais la « pépite » auboise ne s’était exprimée sur son ascension et les folles attentes à son égard. Mathys Detourbet, très honnête avec lui-même, parle aussi de son tempérament à part, qui peut être sa force mais aussi sa faiblesse.
Mathys, diriez-vous qu’avec vos prestations à Reims et contre Amiens, votre saison, sur le plan personnel, est véritablement lancée ?
Depuis le début de saison, je suis dedans. Le match contre Reims, le coach m’avait mis à un poste (dans le cœur du jeu) que je n’avais pas encore connu en tant que professionnel. J’ai apporté ce que j’avais à apporter à l’équipe. Contre Amiens, Jaures (Assoumou) s’est blessé. À la mi-temps, le coach est venu me voir pour me dire qu’il comptait sur moi. Il m’a dit que c’était mon moment, qu’on perdait 1-0, donc c’était l’occasion de changer le match. Avec tout le travail réalisé durant la semaine et grâce à mes coéquipiers, j’ai été récompensé par ma passe décisive.
Vous deviez l’attendre cette première ligne sur votre feuille de statistiques en professionnel…
Oui, je l’attendais, c’est sûr. Mais je ne me suis pas focalisé sur ça, je me suis dit que ça allait venir tout seul. Je travaille à chaque entraînement, le coach et le staff me donnent confiance. Et puis je ne joue pas pour les stats, je joue plus pour le collectif. Avec une bonne équipe comme ça, je savais que ça viendrait tout seul.
Comment avez-vous vécu ce début de saison ? Vous étiez titulaire lors des trois premières journées, puis vous avez démarré sur le banc (sauf à Reims).
C’est toujours frustrant d’être sur le banc, mais ce sont les choix du coach. Il a mis son équipe, ça a bien tourné, on a gagné, donc moi je n’ai rien à dire, j’ai juste à travailler encore plus. Et j’ai essayé de saisir ma chance à Reims et contre Amiens.
Lors de vos premières entrées en jeu, environ à un quart d’heure de la fin, on avait le sentiment que vous surjouiez. Aviez-vous trop envie de vous montrer sur le peu de temps passé sur le terrain ?
Oui, je me disais dans ma tête que je voulais montrer ce que je valais. Mais après, on m’a beaucoup parlé, que ce soit mon père, mes agents, mes conseillers, le coach. Il m’a pris dans son bureau, m’a donné plusieurs conseils. Notamment le fait que si je jouais pour le collectif, j’allais briller sur le plan individuel. Quand je suis rentré à la mi-temps contre Amiens, je me suis dit ça dans la tête, et après c’est venu tout seul.
En plus, ceux qui vous suivent depuis les catégories jeunes savent que vous n’êtes pas un joueur « perso », mais qui fait jouer les autres…
Oui. Marquer des buts c’est bien, mais faire des passes décisives, c’est bien aussi. Jouer pour le collectif, gagner, aller le plus haut possible, c’est ça qu’on veut en vrai ! Je me mets au service du collectif et je sais qu’on peut faire une grosse saison.
Après le déplacement au Mans, c’est vous qui avez demandé à redescendre avec la réserve, pour le match de N3 du dimanche. Pourquoi ?
Il y avait la sélection qui arrivait juste après, donc j’avais demandé au coach si je pouvais avoir un peu de temps de jeu en N3 pour me remettre un peu dedans, pour ne pas arriver en sélection avec un léger temps de jeu. Cela m’a redonné confiance, j’ai pu marquer, c’était un vrai plus.
Pour vous, tout est allé très vite, entre votre arrivée en réserve à l’été 2024 et vos premiers pas chez les pros en fin de saison dernière…
C’est vrai. Moi, je me suis focalisé sur le travail, sur les entraînements. Je me suis dit que si je bossais bien, tout allait arriver petit à petit. Mon père me parle beaucoup, c’est lui qui m’a dit de ne pas griller les étapes. J’ai fait mes matches en N3, après je me suis entraîné avec les pros. Là, pareil, les joueurs m’ont donné beaucoup de conseils, j’ai appris et j’ai su montrer ce que je valais. C’est pour ça que maintenant, je suis là.
Mais comment avez-vous géré cette émulation autour de vous ? Les premiers articles, les premières critiques, les premières rumeurs de transfert…
Je fais abstraction de tout ça, j’essaie de ne pas trop rentrer dans les réseaux ou ce que les gens peuvent dire. J’ai des conseillers pour ça, j’ai mon père, j’essaie de me focaliser surtout sur les entraînements, sur mon objectif.
Êtes-vous surpris de cette rapide ascension ?
Je suis conscient de mes qualités mais je ne pensais pas que cela irait si vite. C’est pour ça que j’ai pris un préparateur mental : il y avait plein de choses autour de moi et j’avais besoin de rester concentré vraiment sur le travail et pas sur diverses choses à côté.
À propos de vous, on se dit que ce qui vous fera aller plus haut, c’est plus la tête que les pieds…
Je dis toujours que c’est 80 % dans la tête et 20 % dans les pieds. Je sais que je suis un garçon nerveux, j’aime bien quand c’est un peu chaud, mais il faut que j’arrive à gérer ça. En ce moment, ça va un peu mieux parce qu’on me parle beaucoup, on me donne vraiment beaucoup de conseils. Mon père ne me parle même plus de foot, il me parle de mon attitude, mes gestes d’humeur. Je sais que j’ai un gros travail à faire sur moi.
Pourtant, votre papa, pour ceux qui le connaissent, n’est pas vraiment d’un calme olympien ! Il ne veut pas que vous reproduisiez les mêmes erreurs que lui ?
Oui, c’est ce qu’il me dit tout le temps. Il était même un peu plus fou que moi ! (il sourit) Il me donne des conseils sur cet aspect car peut-être que c’est pour ça qu’il n’a pas réussi (à percer en tant que joueur).
Pour tout vous dire, quand un défenseur d’Amiens vous a violemment taclé, on a pensé que vous alliez vouloir vous venger sur le duel suivant. Mais vous êtes resté calme et au final, c’est lui qui a été sorti par son entraîneur…
Je pense que je suis en train de passer un cap. Avant, j’aurais réagi, on aurait fait un tête contre tête ou un truc comme ça. Alors que là, franchement, j’essaye de me canaliser, je me dis que je suis en train de prendre l’ascendant sur le défenseur, qu’il va commencer à divaguer, à être énervé, frustré. Ça me donne encore plus envie d’aller le provoquer.
Pour en revenir au début de saison, avez-vous été perturbé par les rumeurs de transferts, avec de gros clubs (Marseille, Roma…) et des grosses sommes d’argent (offre à dix millions d’euros) ?
Non. Je suis un joueur de foot, tout le monde parle des transferts. Je suis resté concentré sur moi. J’ai toujours voulu jouer ici, je veux jouer ici.
Justement, sentez-vous les attentes de la part des Aubois, car vous êtes l’enfant du pays ?
Je suis un Aubois donc on attend beaucoup de moi. Mais j’essaie de tout faire pour que les gens soient contents. Je sais qu’il y a beaucoup d’attentes mais il faut que je reste concentré.
Mais le fait d’être davantage observé, attendu qu’un autre, c’est une chance ou une pression supplémentaire ?
Ça me donne encore plus envie de bien faire. Si des gens viennent pour moi, ça me donne encore plus envie de les rendre fiers et de leur donner ce qu’ils veulent voir.
Vous êtes passé par les Municipaux, votre père a joué aussi en amateurs dans l’Aube. Vous rendez-vous compte que vous incarnez le rêve de tous les petits footballeurs aubois qui jouent à La Chapelle, à La Rivière-de-Corps ou ailleurs : fouler la pelouse du Stade de l’Aube avec un maillot de l’Estac floqué à votre nom ?
Oui, je le ressens. En plus, je suis parrain des Municipaux. Quand j’ai eu l’occasion d’aller discuter avec les jeunes licenciés, j’ai vu que j’étais comme un exemple pour eux. Ils me copient donc je dois montrer le meilleur de moi-même pour être le meilleur exemple.
Le fait d’être scruté, y compris quand vous vous baladez en ville ou autour des terrains, vous incite-t-il à faire attention à l’image que vous véhiculez ?
Il faut avoir la même attitude à l’extérieur ou sur le terrain, pour moi c’est la même chose. Mais c’est vrai que ces derniers mois, je me suis aperçu que quand je sors, quand je vais manger, les gens me regardent différemment. Donc je dois faire attention à éviter certaines petites choses. Avant, je ne m’en rendais pas compte.
Comment vous êtes-vous intégré au vestiaire ?
Déjà l’année dernière, des joueurs m’ont tout de suite pris avec eux, m’ont intégré, comme le capitaine Adri (Monfray). Je suis quelqu’un de sociable, et les personnes qui sont dans le vestiaire, ce sont des bonnes personnes, je me suis directement bien entendu avec elles. De l’extérieur, ça ne se voit peut-être pas trop mais je suis quelqu’un qui va vers les gens pour parler avec eux. Je sais que je suis une personne bien : si on parle avec moi, je vais avoir du répondant, je vais bien pouvoir parler.
Il y a une image qui en dit long sur votre intégration : quand vous avez pris ce tacle mardi, Renaud Ripart et Mounaïm El Idrissy, qui étaient en train de s’échauffer, ont sprinté pour prendre votre défense…
J’ai revu cette image à la vidéo ce (jeudi) matin. Renaud a pris un carton jaune sur le coup, on a bien rigolé sur ça d’ailleurs ! Mais ça se voit qu’ils sont là pour moi, parce que je leur rends, qu’on se discute bien. On a une vraie relation.
Idem après votre passe décisive, vos coéquipiers ont sauté sur vous, avaient vraiment l’air contents pour vous…
Toute l’équipe attendait que je « state », parce que je suis le petit Troyen, ils veulent que je réussisse. Leur réaction m’a vraiment touché, j’étais content que tout le monde soit content pour moi.
Nous, qui sommes observateurs, on pouvait se demander comment vous étiez perçu à l’intérieur du vestiaire, car on vous voyait parfois râler sur vos coéquipiers, par exemple quand une passe ne vous arrivait pas. On se disait que votre « body language » pouvait agacer…
C’est moi, je suis comme ça, je ne le fais pas exprès, je suis vraiment comme ça. Adrien m’a beaucoup parlé de mon comportement, le coach aussi. Philippe (Bizeul adjoint de Stéphane Dumont) me rappelle souvent que je dois avoir la tête froide. Je viens d’arriver, je ne peux pas tout réussir, il faut que je prenne sur moi.
Moins exprimer votre frustration, c’est l’idée directrice ?
C’est ça. Je parle beaucoup avec les mains, il faut que j’arrive à m’analyser et à moins montrer mes émotions. Je ne suis pas le meilleur, il y a beaucoup de meilleurs joueurs que moi : si je manque une passe ou deux, je comprendrais s’ils avaient la même réaction que moi.
Ce tempérament – on dit souvent de vous que vous êtes une « tête brûlée » –, c’est aussi ce qui peut faire votre force si vous l’utilisez à bon escient…
Oui, c’est ça qui va faire que je serai différent. Je dois donc bien l’utiliser, sinon ça peut me jouer des tours, me coûter des cartons, provoquer de mauvaises attitudes. Des gens vont appuyer sur ça, il faut que je reste froid.
Joueur, Antoine Sibierski avait aussi ce tempérament à part. En parlez-vous avec lui ?
Oui, on en a beaucoup discuté, car Antoine avait le même style de jeu et était un peu la même personne que moi. Il m’a raconté qu’il avait pris un préparateur mental, et que cela avait changé beaucoup de choses pour lui. Maintenant, c’est lui qui me donne des conseils, donc je suis à l’écoute et je les applique.
L’Estac est leader de Ligue 2. Comment voyez-vous la suite de la saison, de façon collective ?
Il ne faut pas qu’on s’arrête là, on n’a fait pas beaucoup de matchs, la saison elle est longue. Il faut vraiment qu’on reste sur cette lignée et qu’on garde cet état d’esprit. On est dans le haut du tableau, on veut y rester.
Petit, vous alliez souvent voir l’Estac : quels sont vos meilleurs souvenirs au Stade de l’Aube ?
Quand ils étaient en Ligue 1, quand ils jouaient des gros clubs, ça faisait toujours rêver. Je voyais des grands joueurs et maintenant, jouer là, ça fait vraiment bizarre. Petit, je ne me disais pas que j’allais réussir à jouer dans ce stade. Maintenant que j’y suis, je veux y rester, moi aussi je veux jouer contre des grands joueurs.
Vous devez donc aussi avoir envie de permettre à tous les petits Aubois fans de foot de connaître la Ligue 1…
Oui c’est sûr. Mais il faut y aller étape par étape, il ne faut pas tout griller. Il faut rester comme on est, et après ça viendra naturellement.
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