Intéressante cette chronique sur l'organisation des clubs (Site l'Equipe-TV).
A Troyes, on ouvre une nouvelle pratique avec, à la fois, un conseiller du président et un manager ...
Quand les directeurs président
La mésaventure de Xavier Thuilot, à Lille, inaugure peut-être le retour des entraîneurs puissants dans les clubs de L1. Ne dites plus manager «à l'anglaise», mais «à la bordelaise».
Michel Seydoux et son ancien directeur général Xavier Thuilot.(EQ)En foot, il en va dans les bureaux comme sur le terrain : il y a des effets de mode pour organiser les choses. Sur la pelouse, le 4-5-1 a remplacé le 4-4-2, qu'on nous vendait au début du siècle comme le must de l'équilibre collectif. En coulisses, s'est imposé un échelon intermédiaire entre l'entraîneur et le président, quasiment partout, comme si les deux hommes-clef d'un club étaient condamnés à s'écrouler sous la pression des résultats. Ils ont les noms les plus divers (directeur général, directeur sportif, conseiller du président...). Ils ont des profils plus ou moins exposés. Parfois, ils agissent à deux, comme à Saint-Etienne. La réalité reste la même : entre le coach et le décideur suprême, il n'y a plus de raccourci.
Cette mode succède à celle des "super entraîneurs omnipotents", les fameux managers à l'anglaise, Arsène Wenger ou Alex Ferguson. En France, elle n'a pas supporté l'explosion en vol d'Alain Perrin à Marseille, de Luis Fernandez et Vahid Halilhodzic au Paris-SG, entre 2003 et 2005. Elle reste néanmoins une vieille aspiration des coaches de L1 : Paul Le Guen (qui n'en avait pas voulu à Lyon) n'a jamais convaincu son actionnaire d'aller vers ce modèle à Paris, pas plus que Guy Lacombe à Rennes, Gérard Houllier à Lyon et encore moins Elie Baup, lâché par Toulouse et Nantes après avoir présenté un projet de refonte globale de la politique sportive. Le rectangle vert est suffisamment vaste pour occuper leur temps, ont-ils dû comprendre.
le directeur général frappe de plein fouet le mur de la présidence quand ses aspirations dégénèrent
Ces directeurs qui les dominent - c'est un signe qui ne trompe pas - deviennent parfois des vedettes de mercato : aujourd'hui Pierre Dréossi (Rennes), hier Marc Keller (Strasbourg, Monaco), parfois Vincent Tong-Cuong (Saint-Etienne). Pierre Wantiez, lui, avait bien quitté Sochaux pour Grenoble il y a un an. A leur tour, ces cadres trouvent souvent le costume trop petit, ivres de leur influence réelle ou supposée. Mais, aussi sûrement que l'entraîneur se heurte aux prérogatives de son directeur sportif pendant le mercato, le directeur général frappe de plein fouet le mur de la présidence quand ses aspirations dégénèrent.
Dans le Nord, on dit depuis dix jours que le Lillois Xavier Thuilot a «fait une Francis Collado». Le premier - qu'il a été impossible de joindre malgré une trentaine de tentatives et quelques messages - a payé d'un renvoi l'expéditive décision de se séparer de Rudi Garcia. A part lui permettre de conforter son pouvoir interne, elle n'avait pas grand sens, et c'est d'ailleurs ce qui aurait refroidi Paul Le Guen au moment des négociations. Son collègue lensois, administrateur de formation, en était venu à piloter le recrutement. Il l'a payé quelques mois avant la descente en L2. Trop tard selon ses détracteurs.
Il faut aussi compter sur Didier Deschamps, à Marseille, pour faire comprendre que son périmètre ne sera pas négociable.
Pour cette saison, on mettra un petit billet sur le retour du modèle du manager à l'anglaise. Bien sûr, Claude Puel, à Lyon, n'a pas été indiscutable dans l'usage de sa carte blanche la saison dernière. Mais il a une seconde chance. Il faut aussi compter sur Didier Deschamps, à Marseille, pour faire comprendre que son périmètre ne sera pas négociable. Les aspirants patrons ont aujourd'hui un argument fort, un modèle de poids. Bordeaux, champion de France. Entre Laurent Blanc et Jean-Louis Triaud, il n'y avait personne pour jouer à l'éminence grise.
Le pire n'est pas certain ! On n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise ...